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SE FORMER Jardinière botaniste de la flore locale

« En formation au jardin botanique de Metz, cela a été une révélation : j'ai découvert le milieu de la botanique, les espèces, les prélèvements en nature de plantes sauvages... et j'ai adoré !" s'enthousiasme Laura Faure.

Dans l’Essonne, Laura Faure a créé la pépinière Astragale pour concilier vie de famille et passion pour les plantes sauvages indigènes.

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Laura Faure a obtenu une licence en informatique à Nantes (44) dans le but de travailler pour les conservatoires botaniques. La certification de jardinier paysagiste n’existant pas encore chez les Compagnons du Devoir, elle valide chez eux un CAP charpentier bois à Brest (29), avant d’intégrer leur tour de France au sein de leur nouvelle branche de métier, les jardiniers paysagistes, en passant par la formation BPA travaux et aménagements paysagers au CFPPA de Kerliver, à Hanvec (29). Elle est ensuite devenue ouvrière qualifiée à Nîmes (30). « Il me manquait des connaissances en botanique, regrette Laura. Je suis allée au CFPPA Chateaufarine à Besançon (25) en 2015 pour suivre une formation de jardinier botaniste. Mon apprentissage a eu lieu au jardin botanique de Metz (57). Cela a été une révélation. J’ai découvert les espèces, les prélèvements dans la nature de plantes sauvages... et j’ai adoré ! »

Mode de vie souple

Parce que Laura aime voir du pays, elle décide ensuite de partir un an en Argentine, au Chili, au Pérou et en Bolivie avec son compagnon. Elle travaille alors au sein d’associations qui gèrent la faune et la flore indigènes et qui créent des sentiers pédagogiques. À son retour, en 2018, elle est embauchée au jardin botanique de l’Uni­versité de Paris-Saclay (91). Sa mission : développer des collections de plantes sauvages en créant une « banque de graines » (index seminum), point clé pour maintenir le label « jardin botanique » du pôle. Ce rôle, à la fois scientifique et pédagogique, lui plaît.

En 2020, à la naissance de son premier enfant, les pistes d’évolutions professionnelles se referment. « À ce moment-là, je prends aussi conscience que je souhaite concilier vie professionnelle et vie de famille. M’installer à mon compte correspondait à ce mode de vie, plus souple, auquel j’aspirais. »

En 2022, elle démissionne et monte sa production végétale sur 400 m² à Forges-les-Bains (91). Laura développe une pépinière de plantes sauvages locales indigènes de la région écologique du bassin parisien Sud, afin de réensemencer la diversité. « Les plantes ne migrent plus à cause de l’artificialisation des sols, explique-t-elle. L’objectif est de recréer une mixité génétique et des corridors écologiques. » Elle lance un financement participatif (5 600 €) afin d’investir dans une serre de 4 x 6 m pour ses semis et godets profonds. « C’était également pour me faire connaître auprès du grand public et des collectivités, notamment », précise-t-elle.

En juillet 2023, naît sa deuxième fille. « J’ai pu travailler avec mon bébé en écharpe. Mon aînée, à mes côtés, jouait dans la serre ou sur le terrain. C’était l’idéal. »

20 000 plants par an

Concrètement, Laura prélève les fruits en milieux sauvages (forêts, prairies, pelouses) publics ou privés (avec autorisation du propriétaire) qui n’ont pas été touchés par l’homme depuis au moins les années 70. Elle trie, sème et élève sans produit phytosanitaire ni engrais…

Elle cultive 20 000 plants par an adaptés au milieu local ainsi qu’au changement climatique. « Grâce au label Végétal local, certificat de traçabilité des végétaux sauvages indigènes, mon travail est reconnu et gagne aussi en visibilité », souligne-t-elle.

Sa boutique en ligne s’adresse aux paysagistes qui mènent des projets de renaturation et qui connaissent la filière locale.

Elle s’est aussi rapprochée de deux collègues : une spécialisée en ligneux de plantes sauvages locales et une productrice de plants potagers, afin de proposer une réponse globale et locale à des marchés publics ou à des particuliers.

Laura Faure perfectionne aussi régulièrement ses connaissances en adhérant à la Société botanique de France et en partant quelques week-ends par an, partout dans l’Hexagone, à la découverte des plantes locales.

À 35 ans, alors qu’elle attend son troisième enfant, elle a également le projet pour 2026 d’organiser des ateliers de découverte des graines. « L’idée serait d’accueillir des familles. Les enfants pourraient jouer à côté des adultes qui rempotent, par exemple », précise celle qui aime partager sa passion.

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